Pour consulter le fichier en format PDF cliquer sur le lien suivant : 2020 05 15 CGTPE CR CSEC Plan de Reprise Acivité Vdef2
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Pour consulter le compte rendu sous format PDF cliquer sur le lien suivant: 2020 05 11 et 14 Compte rendu des élu-e-s aux CSE des 11 et 14 mai 2020
60 propositions pour sortir durablement de la crise sanitaire, sociale, économique et environnementale
Le déconfinement est une épreuve à haut risques, s’il ne s’effectue pas dans la plus grande prudence, de nouvelles vagues de contaminations peuvent avoir lieu.
Alors que la crise sanitaire s’installe dans la durée et qu’elle s’accompagne désormais d’une crise économique et sociale, les leçons de la période de confinement doivent être tirées pour empêcher de nouvelles vagues épidémiques. Pas question de laisser se normaliser des dispositifs d’exception.
L’ampleur de la crise sanitaire a démontré les impasses du Wall Street Management, le management par les coûts qui, dans le privé comme dans le public, dans l’industrie comme dans les hôpitaux fait primer l’objectif de rentabilité financière de court terme sur toute autre considération, sociale, environnementale ou sanitaire.
Pas question, comme le souhaiterait Emmanuel Macron, de s’en remettre à un hypothétique jour d’après. Pas question, comme le demande le MEDEF d’abandonner au prétexte de la crise économique les normes sociales et environnementales, au risque d’une nouvelle crise, encore plus violente que celle que nous traversons actuellement. Le changement de modèle doit se matérialiser immédiatement avec des mesures de sortie de crise qui donnent le ton et marquent la rupture avec le primat du lowcost qui nous a menés dans le mur.
L’enquête démontre que dans cette période de crise sanitaire inédite, la poursuite d’activités professionnelles sur site a gravement mis en danger la santé des salarié·es et de la population en contribuant au développement de nouveaux cas après le confinement. Rappelons que de nombreux salarié·es l’ont payé de leur vie. Les leçons doivent être tirées et les dispositifs suivants doivent être mis en place pour le déconfinement.
La violence de la crise sanitaire a forcé employeurs comme gouvernement à retrouver la pertinence de la démocratie sociale. L’enquête le prouve, les IRP, disposant pourtant de peu de moyens, ont joué un rôle central dans la mise en place de dispositifs de prévention et de protection.
Pourtant, dans le même temps, les ordonnances du gouvernement fragilisent leur rôle en limitant par exemple considérablement les délais d’info/consult, empêchant ainsi la consultation des salarié·es ou le recours à un expert par exemple. Ces ordonnances doivent être abandonnées
Il est indispensable, au contraire, de :
L’inspection du travail et la médecine du travail jouent un rôle clé pour garantir la protection des salarié·es. Dans plusieurs procédures (Amazon, travail à domicile dans le 59…), c’est l’intervention des inspecteurs et inspectrices du travail qui a permis de suspendre une activité professionnelle dangereuse. Pourtant, ces mêmes inspecteurs et inspectrices du travail sont sous la pression de leurs autorités de tutelles qui osent même attaquer leur professionnalisme avec des sanctions disciplinaires allant jusqu’à la suspension comme dans le cas d’Anthony Smith !
Les moyens et prérogatives de la médecine du travail ont été considérablement affaiblis ces dernières années, ce que vient encore aggraver les ordonnances prises pendant le confinement.
Pour retrouver l’ensemble des analyses et propositions du collectif Ugict-CGT des personnels des Services de Santé de Travail voir ici. http://a-smt.org/covid19.htm
La doctrine du gouvernement vis-à-vis des acteurs économiques doit être claire et faire primer la santé sur toute autre considération. La reprise ou poursuite de l’activité économique doit être conditionnée à la mise en place d’un solide dispositif de protection.
Pas question que l’encadrement soit, comme aujourd’hui, sommé d’assurer la reprise de l’activité sans moyens et de se « débrouiller » quant aux mesures de sécurité !
Les exigences doivent être claires et systématiques et garantir notamment :
La prolongation du télétravail pour limiter les contacts sociaux ne peut se faire dans les conditions qui ont prévalu durant le confinement. Là où il est organisé et encadré, hors crise sanitaire, le télétravail est pratiqué en moyenne entre 1 et 2 jours par semaine par les personnels éligibles.
Le télétravail a été étendu en vertu de l’urgence sanitaire à de nombreux salarié·es et entreprises qui ne le pratiquaient pas jusque-là et l’enquête Ugict-CGT démontre le caractère maltraitant que revêt le télétravail à temps plein en mode dégradé et improvisé avec :
Cette situation d’exception ne peut devenir la norme.
Depuis les ordonnances Travail de 2018, la mise en place d’un avenant au contrat de travail et d’un accord collectif n’est plus obligatoire pour organiser le télétravail, une charte unilatérale de l’employeur voire un accord “par tout moyen” avec le salarié suffit.
Le bilan de la généralisation du télétravail hors de tout cadre négocié démontre la nécessité de mettre en place systématiquement un accord d’entreprise.
Il s’agit notamment de garantir :
Enfin, l’Ugict-CGT interpelle le gouvernement : au vu de l’ouverture limitée et encore très aléatoire des crèches et écoles le 11 mai, il est indispensable de garantir à tous les parents qui devront prendre en charge leurs enfants sur tout ou partie du temps scolaire, le droit à absence rémunérée à 100 %. Pas question que les télétravailleurs restent exclus des droits à arrêts pour garde d’enfants ! (Proposition 21)
(Proposition 22)
Dans la régulation du travail, l’encadrement doit pouvoir prendre en compte le caractère maltraitant que peut revêtir le télétravail à temps plein forcé et ou improvisé.
La conduite opérationnelle de l’activité doit être fondée sur la charge de travail réelle et prendre en compte l’isolement des agents de leur collectif de travail.
Le télétravail à temps plein forcé et ou improvisé et son encadrement ne doivent en aucun cas se faire au détriment du rôle contributif des cadres sur les choix de gestion et la régulation du travail des équipes.
La charge de travail doit être diminuée et prendre en compte les contraintes d’environnement personnel et familial qu’un télétravail constant impose au détriment de la qualité de vie et de la santé notamment mentale.
Afin de garantir la bonne application, au plus près du terrain, des dispositions permettant d’assurer la protection des équipes de travail et la prévention des risques professionnels, l’Ugict-CGT revendique pour l’encadrement un droit d’alerte suspensif pour stopper la mise en œuvre d’une directive ou d’une consigne susceptible de compromettre la sécurité des salariés, des fournisseurs, des prestataires et des clients de l’entreprise. (Proposition 23)
En amont de ces situations, les personnels d’encadrement doivent bénéficier d’un droit à l’information intégrale sur les choix stratégiques de l’entreprise et d’un droit à la formulation d’alternatives pour pouvoir exercer leurs responsabilités sociales, économiques et environnementales. (Proposition 24)
La conjugaison de ces droits doit les soustraire à la fausse alternative : se soumettre à des directives contraires à l’éthique professionnelle ou se démettre de leur emploi.
La transposition rapide et ambitieuse de la directive européenne sur les lanceurs d’alerte doit permettre de combler les défaillances de la loi Sapin 2 et de renforcer les logiques de prévention (Proposition 25)
À ce sujet, voir la lettre ouverte adressée le 7 novembre 2019 à Emmanuel Macron à l’initiative de l’Ugict-CGT par 50 ONG, syndicats et SDJ. Depuis, ce courrier est resté sans réponse.
Si l’alerte de Li Wenliang, Médecin ophtalmologue à l’hôpital de Wuhan en Chine avait été entendue, le Coronavirus n’aurait sans doute pas dépassé les frontières chinoises. De même, si les alertes des soignant·e.s français·es sur l’impréparation en cas de crise sanitaire avaient été prises en compte, la crise n’aurait pas été si violente en France.
L’enquête montre une grande ignorance sur les risques juridiques encourus par les personnels d’encadrement tant au plan pénal que civil.
Pour une obligation de formation sur la délégation de pouvoir et de responsabilité (Proposition 26)
Le premier axe de sécurisation pour ces personnels ainsi que pour les équipes dont ils ont la responsabilité est la formation sur la délégation de pouvoir et de responsabilité. La multiplication de ces formations, par des organismes agréés et indépendants, permet en elle-même de prévenir de nombreuses situations à risque et d’éviter que des directions d’entreprise ne se défaussent sur leur encadrement.
Pour une délégation de pouvoir ou de responsabilité circonscrite et consentie (Proposition 27)
L’étendue de la délégation de pouvoir doit être circonscrite, son contenu librement consenti et public.
Pour accomplir sa mission, le délégataire doit être investi de l’autorité suffisante, posséder les connaissances techniques et juridiques nécessaires et disposer des moyens matériels, humains, financiers et techniques requis.
L’encadrement de proximité, pour sécuriser le travail en présentiel de l’ensemble des salariés, doit disposer de la latitude nécessaire pour intervenir sur le contenu du travail, pour établir les priorités “métiers”, doit disposer des moyens, y compris budgétaires, pour réorganiser les plages de travail, les équipes et les espaces de travail. (Proposition 28)
Décloisonner le travail
Donner à l’encadrement toute l’autonomie nécessaire pour décloisonner le travail, établir de la transversalité dans son organisation, co-organiser avec les salariés les collectifs pertinents pour plus de synergies. (Proposition 29)
C’est un axe majeur pour en finir avec les mécanismes d’individualisation et d’isolement qui nuisent à l’efficacité du travail tout en générant de forts risques psychosociaux.
Réviser les pratiques managériales, les objectifs et missions à l’aune de la crise sanitaire (Proposition 30)
Ce contexte de travail en mode dégradé sera à prendre impérativement en compte :
La période a été marquée par l’inadéquation ou la carence de plans de continuité d’activité qui pèsent grandement sur le recul économique à ce jour enregistré.
Des équipes de travail à l’effectif étriqué sont des facteurs de fragilisation pour faire face à une crise sanitaire : il suffit que l’épidémie atteigne quelques individus pour compromettre toute l’activité.
Plutôt que d’augmenter la durée hebdomadaire ou annuelle de travail, au risque de surexposer et d’affaiblir les personnels par une charge et un temps de travail excessifs, il convient de débloquer les budgets pour opérer des recrutements, réduire le temps effectif de travail et répartir l’activité sur un plus grand nombre d’individus pour la sécuriser. (Proposition 31)
L’installation dans la durée de la crise sanitaire doit amener à revoir immédiatement les organisations du travail pathogènes qui ont été dictées par l’objectif unique de réduction des coûts
(Proposition 32)
Le développement d’Open Space bien au-delà de la norme Afnor qui limite à 10 le nombre de salarié·es dans un Open Space a traduit dans l’espace la taylorisation du travail intellectuel. Accompagné d’une organisation en “flex office”, sans bureau attitré, il a comme objectif central de faire économiser des m2 aux entreprises et de baisser leurs frais immobiliers.
Pour la qualité du travail c’est autre chose et, au lieu du travail en équipe promis, les open space se sont transformés en organisation déshumanisante, niant l’individualité et le professionnalisme, contraignant les salarié·es à travailler avec des écouteurs pour pouvoir se concentrer.
Les open space traduisent et accompagnent la standardisation du travail intellectuel. Avec la crise sanitaire, les open space se révèlent de redoutables bouillons de culture, encore plus quand ils sont en flex office ! Qu’un salarié·e contracte le Covid-19 et c’est tout le plateau qui sera contaminé. Y mettre fin relève donc de l’urgence sanitaire !
(Proposition 33)
Il faut lancer un mouvement de ré-internalisation des emplois dans l’intérêt économique, social et sanitaire de notre pays et de nos entreprises.
Le bilan de la généralisation de la sous-traitance, y compris sur les fonctions les plus qualifiées (ingénierie, numérique, fonctions RH…) démontre que cela ne se traduit pas par une baisse des coûts, tant la sous-traitance engendre des frais de structure voire de coût du capital quand il faut rémunérer des actionnaires, mais que sa mise en place obéit d’abord aux normes comptables du Wall Street Management, avoir une organisation “agile” avec un minimum de salarié·es et donc d’engagements d’avenir.
Pour les intérêts économiques de moyen long terme, c’est une organisation catastrophique qui ne garantit pas la maîtrise des savoirs faire, met en danger les secrets industriels et se traduit en général par une dégradation du travail réalisé qui ne s’inscrit plus dans le long terme ni dans le collectif de travail. Son bilan social est connu avec une casse du collectif de travail et la baisse des droits des salarié·es sous-traité·es.
Son bilan sanitaire s’avère maintenant explosif : comment en cas de contamination, retracer les contacts sociaux de salarié·es qui travaillent dans de multiples entreprises ? Comment mettre en place de vraies mesures de prévention et de suivi avec une multiplicité de donneurs d’ordre et d’employeurs ? Par exemple, durant le confinement, les prestataires en ingénierie informatique (ESN, CGI, Cap Gemini, Accenture, ATOS…) étaient incapables d’indiquer aux représentant·es du personnel quel était le lieu de travail de leurs salarié·es !
Alors même que les entreprises étaient massivement aidées par l’Etat, avec la prise en charge à 100 % du chômage partiel, le report des cotisations et impôts et la mise en place de prêts garantis, au mois de mars 2020, 177 500 personnes supplémentaires se sont inscrites au chômage en mars (+ 3,1 %). La dernière fois que l’on avait enregistré une hausse aussi fulgurante, c’était en avril 2009 (+ 86 300) …
Après avoir mis fin au contrat des précaires, de nombreuses entreprises mettent maintenant à l’ordre du jour des licenciements, avec des plans de départs dits volontaires, des PSE, ou des ruptures conventionnelles.
Le chantage à l’emploi joue à plein, et notre enquête montre que ce sont plus d’un tiers des salarié·es qui dès le mois d’avril considéraient que leur emploi était menacé.
Dans ce contexte, le préalable est l’abandon pur et simple de la réforme de l’assurance chômage, qui durcit drastiquement les conditions d’indemnisation et instaure la dégressivité des allocations chômage pour les cadres.
(Proposition 34)
La qualité des missions accomplies par l’Agence pour l’Emploi des Cadres est unanimement reconnue. La flambée du chômage engendrée par la récession n’épargne pas les cadres et appelle un renforcement des moyens mobilisés au service de leur emploi : identification de ce que seront les besoins du monde d’après, actualisation et diversification des savoirs et des savoir-faire des personnels d’encadrement pour sécuriser leurs parcours professionnels et satisfaire les nouvelles demandes.
Il convient également de renforcer les moyens dévolus à l’accompagnement des jeunes diplômés, qui seront, avec les seniors, les premiers à pâtir de la crise économique
Ce n’est qu’à cette condition que les PME et TPE, dont le rôle est toujours central dans la décroissance du chômage, trouveront les profils en adéquation avec leurs besoins.
Ceci nécessite la sécurisation financière de l’APEC autour de son mandat de service public
(Proposition 35)
Alors que plus d’un demandeur d’emploi sur deux inscrit à pôle emploi n’est pas indemnisé, l’urgence est d’augmenter les ressources de l’UNEDIC pour garantir des allocations à l’ensemble des privé·es d’emploi.
La CGT et son Ugict proposent de longue date une mesure simple et très efficace : déplafonner les cotisations et les allocations des cadres supérieurs.
Alors qu’elles sont aujourd’hui prélevées seulement sur la part des salaires inférieure à 4 fois le plafond de la sécurité sociale, verser des cotisations et allocations en prenant en compte l’intégralité des hauts salaires dégagerait 800 millions d’euros annuels de ressources supplémentaires. Ceci mettrait principalement à contribution les grandes entreprises et permettrait aux cadres supérieurs d’être mieux protégés.
(Proposition 36)
Cette enquête démontre que les salarié·es ont déjà payé la crise : 55 % des cadres, 45 % des professions intermédiaires et 40 % des ouvriers employés nous disaient à la mi-avril avoir déjà perdu des jours de congé. De même, la majorité des salarié·es en chômage partiel ou en arrêt maladie ont vu leurs revenus baisser. Par contre, au-delà de quelques annonces spectaculaires, la plupart des grandes entreprises continuent à distribuer des dividendes.
Les négociations se développent maintenant dans les entreprises autour d’accords dit « de solidarité ». Le principe ? Prélever des jours de congés ou de RTT notamment aux cadres pour maintenir à 100 % la rémunération du chômage partiel des autres salarié·es au lieu du minimum de 84 % assuré par l’Etat.
Une belle opération Robin des bois ? Non, un magnifique tour de prestidigitation, qui, sous couvert de solidarité conduit les salariés à définir entre eux les modalités d’un recul de la masse salariale afin de préserver les profits. À long terme, ces stratégies de division sont mortifères et dangereuses car elles fracturent le collectif de travail.
Ainsi, ceux-là mêmes qui imposent des reculs aux salariés au prétexte de compétitivité, hypothèquent l’efficacité économique de long terme des entreprises en divisant le collectif de travail.
Il convient au contraire de conditionner les aides publiques à la suppression des dividendes, à l’interdiction des licenciements et à la transformation de l’outil productif pour répondre aux enjeux environnementaux et sociaux.
La conditionnalité des aides publiques peut aussi être un levier pour inciter au changement d’objet social et de gouvernance de l’entreprise (voir ci-dessous).
Les CSE doivent être dotés d’un droit suspensif sur les aides publiques.
Les difficultés économiques, notamment pour notre tissu de PME/ETI attirent déjà les prédateurs financiers, fonds vautours comme fonds souverains, à la recherche de nos brevets et de notre savoir-faire.
Alors que les prévisions indiquent que le nombre de faillites va augmenter de 25 %, il faut mettre en place des mesures immédiates pour sécuriser nos entreprises et notamment :
Au-delà de l’objet social cosmétique introduit dans la loi suite au rapport Notat/Sénart, qui ne fonctionne qu’au volontariat et sans aucune norme contraignante pour garantir son respect, il est temps de généraliser une nouvelle définition juridique de l’entreprise sur quatre piliers : (Proposition 46)
Financer des investissements publics
(Proposition 56)
La crise du covid-19 a montré à quel point la France avait détérioré les services publics de santé et de soins, avec des plans d’austérité drastiques (baisse du nombre de lits, mode de gestion privée des hôpitaux…).
Un plan de relance économique doit s’appuyer sur une nouvelle politique publique de santé et de soins, abrogeant les décisions retenues jusqu‘alors (notamment les demandes d’économie sur les budgets des hôpitaux ; la tarification à l’acte…) et la mise en œuvre d’un plan d’urgence pour faire face à la pandémie avec un plan de recrutement important et une revalorisation de leurs rémunérations.
Au-delà, c’est toute l’économie des « soins aux autres » qui doit être réinvestie, pour faire face aux urgences en matière de dépendance des personnes âgées, mais aussi prendre soin des jeunes et des handicapé·es.
Pas question de laisser la finance continuer à spéculer sur la prise en charge de nos ainé·es ou de nos enfants ! Un grand plan d’investissement public doit permettre de rouvrir massivement et en proximité des lits dans les hôpitaux, de créer un grand service public de la petite enfance et de d’aide à l’autonomie pour les personnes âgées dépendantes.
Une étude publiée par la Confédération syndicale internationale en 2016 dans le cadre de sa campagne « Investir dans l’économie des soins », évalue qu’un investissement de 2 % du PIB dans l’économie des soins dans sept pays permettrait de créer plus de 21 millions d’emplois et d’aider les pays à relever le double défi du vieillissement de la population et de la stagnation économique.
Investir dans l’économie de soins (au sens large) permet de changer de paradigme : créer des emplois, relancer l’économie, revaloriser les professions du « soin aux autres », en améliorer les conditions de travail, les salaires, et ainsi aller vers une société plus égalitaire, plus juste, où le bien-être est la valeur fondamentale, où l’utilité sociale de toutes les professions « du soin » sera reconnue.
Pour les femmes, l’impact est doublement émancipateur : une amélioration de la qualité de leurs emplois, le secteur du soin étant très majoritairement féminisé, et une émancipation des tâches ménagères, alors que la prise en charge des personnes dépendantes (enfants, handicapé·es et personnes âgées) est toujours très majoritairement assumée par les femmes.
(Proposition 57)
Pour faire face à la survenue de nouvelles pandémies, dont l’OMS énonçait le risque élevé dès 2018, il convient de (re)créer en France un établissement public administratif rattaché au Ministère de la Santé, organisant et maintenant en capacité opérationnelle la réserve sanitaire (professionnels de santé réservistes), et investie des pouvoirs les plus étendus pour identifier les produits de santé stratégiques et en gérer les stocks.
L’établissement devra être doté du budget et de la latitude décisionnelle nécessaires pour passer sans délai toute commande utile en période de crise sanitaire. Son pilotage sera confié à des professionnels de santé rompus à la gestion des crises sanitaires en France ou à l’étranger.
(Proposition 58)
La crise sanitaire a montré combien la rémunération des soignant·es, notamment de celles et ceux qui exercent dans le public, était déconnectée de leur niveau de qualification. Elle a aussi montré à tous les parents qui ont été contraint de faire l’école à la maison qu’enseigner est un métier hautement qualifié. Des professions dans lesquelles les femmes sont majoritaires, et notamment les infirmières (87 % de femmes) et aides-soignantes (91 % de femmes), les enseignant·es (près de 70 % de femmes) …
Ces métiers sont considérés comme des « métiers de femmes » pour éduquer, soigner, assister, nettoyer, écouter, coordonner… bref faire appel à des « compétences présumées innées », si « naturelles » quand on est femme… Or ces métiers sont structurellement dévalorisés, et la CGT se bat depuis longtemps pour qu’ils soient revalorisés. Cette dévalorisation est l’un des facteurs expliquant les 26 % d’écarts salariaux entre les femmes et les hommes.
Pour revaloriser ces métiers, il faut exiger que la loi soit enfin appliquée car elle prévoit l’égalité de salaire pour un travail égal, mais aussi pour un travail de valeur égale. La loi exige en effet d’appliquer l’égalité salariale entre emplois différents mais considérés de même valeur. Et donc de comparer la valeur des emplois très féminisés avec d’autres emplois à prédominance masculine.
Et quand on regarde de près les compétences et qualifications mises en œuvre dans les métiers féminisés, on constate le plus souvent leur sous-valorisation : par exemple, les diplômes des métiers de service ne sont toujours valorisés comme ceux des secteurs techniques et industriels. La dimension « relationnel » dans les métiers de services est considérée comme une qualité personnelle, niant ainsi les connaissances et l’expérience professionnelles pourtant indispensables.
Les responsabilités auprès de personnes malades et fragilisées ont bien souvent une moindre reconnaissance que les responsabilités budgétaires ou financières. Être constamment interrompue ou effectuer une multitude de tâches différentes au sein d’un même métier n’est pas reconnu comme de la polyvalence professionnelle.
Soutenir – physiquement et psychiquement – un patient en fin de vie, apporter des soins à domicile sans équipements professionnels ou encore passer des milliers d’articles par heure à une caisse, tout en maintenant un sourire commercial, représentent des formes de pénibilité et de charges physiques ou nerveuses, non reconnues dans ces emplois…
À titre d’exemple, le salaire des infirmières en France est l’un des plus bas de tous les pays développés : inférieur de 9 % au salaire moyen français, alors qu’en Allemagne, une infirmière gagne 10 % de plus que le salaire moyen allemand ou en Espagne, 28 % de plus (OCDE, données 2017).
L’État se doit de donner l’exemple, en tant qu’employeur, en revalorisant immédiatement les emplois et carrières à prédominance féminine de la fonction publique. Il doit aussi s’engager en tant que financeur des secteurs sanitaires, sociaux, éducatifs et de la dépendance !
Dans le privé, l’Etat doit imposer la renégociation immédiate des classifications des métiers à prédominance féminine pour garantir une revalorisation des grilles et le respect de la loi.
(Proposition 59)
La crise du Covid-19 a démontré combien préserver des capacités de recherche fondamentale de long terme était indispensable. Le financement par projet a au contraire conduit à orienter notre recherche sur le long terme, nous privant ainsi de toute possibilité d’anticipation stratégique. Si les recherches lancées sur le SRAS en 2009 avaient été financées et prolongées, nous ne serions pas aujourd’hui dans de telles difficultés.
En limitant à 2,2 % la part du PIB consacré à la recherche, la France est bien loin des objectifs européens. Il convient de mettre en place une loi de programmation pour atteindre sans attendre 3 % du PIB consacré à la recherche dont au moins 1 % à la recherche publique, évaluer, remettre à plat et conditionner strictement le Crédit Impôt Recherche et sortir du financement par projets qui soumet l’ensemble de la recherche au court terme.
Pour se garantir un avenir, la France doit sortir les étudiant·es et les universités de la paupérisation scandaleuse dans laquelle les pouvoirs publics les ont installés. Un plan d’investissement massif dans l’enseignement supérieur et la recherche doit nous permettre de relever les défis de la transformation environnementale et numérique notamment.
(Proposition 60)
L’ADEME estime entre 500 000 et 900 000 créations d’emplois si la France investit massivement dans la transition énergétique.
Il convient de mettre en place un plan d’investissement dans de grands projets d’infrastructures dans l’énergie (stockage de l’électricité, recyclage de nos déchets nucléaires, batterie électrique, développement des énergies renouvelables) les transports et notamment le fret ferroviaire, ou encore la rénovation énergétique des logements et bâtiments.
Ces grands projets devront assurer à terme le mix énergétique ainsi que les engagements bas Carbone que la France s’est fixés.
Depuis le 15 mars, le télétravail s’est imposé comme un mantra dans le discours gouvernemental. Il serait devenu la solution miracle pour dédensifier les open-space, réduire l’affluence dans les transports en commun, faire tourner les équipes, afin de respecter les distances sanitaires..
Pour réussir le déconfinement, le ministère du Travail a publié samedi 9 mai sur son site un guide du télétravail pour le déconfinement, sous forme de questions-réponses, à destination des employeurs et des salariés.
Le télétravail n’est pourtant pas une idée totalement neuve si l’on considère qu’il a fait l’objet d’un accord national interprofessionnel… en 2005… Lire la suite
Conformément aux principes généraux de prévention en matière de protection de la santé et sécurité au travail, la démarche de déconfinement mise en place dans chaque entreprise et établissement doit conduire, par ordre de priorité :
– à éviter les risques d’exposition au virus ;
– à évaluer les risques qui ne peuvent être évités ;
– à privilégier les mesures de protection collective en leur donnant la priorité sur les mesures de protection individuelle.
Les mesures de protection collective comprennent en particulier les mesures organisationnelles, en premier lieu le télétravail, de nature à éviter le risque en supprimant les circonstances d’exposition, et qui doit être la règle chaque fois qu’il peut être mis en oeuvre.
Lorsque la présence sur les lieux de travail est en revanche nécessaire, le séquencement des activités et la mise en place d’horaires décalés font également partie des mesures organisationnelles qui, en limitant les risques d’affluence et de concentration des personnels, permettent de respecter les règles de distanciation physique. Ces dernières incluent en outre toutes les dispositions relatives au nombre maximal de personnes simultanément admises dans un espace ouvert (jauge) ainsi que la gestion des flux de circulation dans l’entreprise.
Ce n’est que lorsque l’ensemble de ces précautions n’est pas suffisant pour garantir la protection de la santé et sécurité des personnes qu’elles doivent être complétées, en dernier recours, par des mesures de protection individuelle, telles que le port du masque.
Enfin, la généralisation des tests ou de la prise de température en entreprise n’est pas recommandée. Leur usage, possible au cas par cas, doit obéir à des circonstances précises et être encadré par un certain nombre de principes et pratiques explicités ci-dessous.
La définition et la mise en oeuvre de toutes ces mesures nécessitent un travail de réflexion préalable, conduit dans un cadre concerté, afin de garantir leur faisabilité, leur effectivité et leur appropriation la plus large par tous les acteurs participant à la lutte contre la propagation du virus.
Consulter le Protocole national de déconfinement pour les entreprises ICI