Des volontaires du service civique indemnisés 580 euros par mois pour faire tourner Pôle Emploi

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Pendant huit mois, Romain a été un volontaire du Service civique… à Pôle emploi. En fait, un « travail dissimulé » ? Gabriel Attal, secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’Education nationale et de la Jeunesse au moment des faits, répond aux questions d’Elise Lucet sur les dérives du Service civique dans cet établissement public…

« Ce n’est pas normal, en fait. C’est du travail déguisé. Je veux que les gens se rendent bien compte que les petits jeunes qui sont là pour les aider à Pôle emploi sont des personnes qui sont sous-payées pour remplacer des gens qui sont qualifiés pour ça », explique Romain au magazine « Cash Investigation » . Un volontaire du Service civique, comme Romain, est un jeune de moins de vingt-six ans prêt à donner de son temps (de 24 à 35 heures par semaine) pendant six à douze mois… En 2016, Romain a intégré pour huit mois la première promotion de volontaires versés à Pôle emploi. Dès la première semaine dans son agence, il affirme avoir endossé des responsabilités qui débordaient le contenu officiel de sa mission : un simple renfort numérique.

« Ce n’était pas juste le fait de les aider à cliquer sur les trucs, précise-t-il. On était vraiment là pour les accompagner pour l’inscription. Et au final, on s’est retrouvé à faire un travail complet. C’était vraiment les accompagner de A à Z. C’était des gens ayant parfois une bonne cinquantaine d’années et qui avaient travaillé toute leur vie dans une boîte. Ils se retrouvaient d’un coup au chômage et avaient besoin de trouver du travail. » Que se passerait-il si, du jour au lendemain, l’on retirait les trois volontaires dans l’agence où il travaillait ? « Ils seraient débordés, c’est clair. S‘il n’y a plus de ‘Services civiques’, ils ne peuvent plus gérer comme ils sont en train de fonctionner maintenant, parce qu’ils ne sont plus assez nombreux. » Les volontaires du Service civique font-ils le travail des conseillers ? « Globalement, oui. Ils font des économies, et avec des personnes qui vont leur coûter 500 euros par mois… » Précisément, 580 euros !

« On faisait vraiment le boulot d’un conseiller »

Les 5 000 volontaires engagés en 2019 à Pôle emploi représentent l’équivalent de plus de 9% de ses effectifs. « Le service public de l’emploi est-il capable aujourd’hui de fonctionner sans les volontaires du Service civique ? » demande la journaliste Elise Lucet à Gabriel Attal, alors secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’Education nationale et de la Jeunesse, en charge du dossier (octobre 2018-juillet 2020). « Je l’espère. Parce que sinon, ça veut dire que l’on n’est pas dans les clous du Service civique », répond-il. La présentatrice du magazine d’information diffusé sur France 2 lui montre alors la vidéo du témoignage de Romain sur son expérience en tant que volontaire du Service civique dans cet établissement public.

« On faisait vraiment le boulot d’un conseiller pour dégager du temps aux conseillers, explique le jeune homme. Ce n’est pas normal, c’est du travail déguisé… » Le terme juste, en réalité, serait plutôt celui de « travail dissimulé », non ? « Oui, c’est un dévoiement de ce qu’est le Service civique », acquiesce Gabriel Attal. La journaliste poursuit : « Si un service de l’Etat comme Pôle emploi recourt massivement à des ‘Services civiques’ au lieu de recruter de vrais salariés pour des tâches aussi importantes, on est dans du travail dissimulé massif ? » Gabriel Attal répond : « C’est ce qu’on est en train de regarder et d’expertiser… »

Hôpitaux, écoles, préfectures… près de cinq millions d’agents travaillent dans les services publics. Stabilité de l’emploi ? Jobs « tranquilles » ? Salaires garantis ? Ce nouveau numéro révèle que les pratiques de l’Etat sont très loin de ces clichés… Le premier employeur de France taille dans ses budgets et a de plus en plus souvent recours à la sous-traitance, notamment dans les secteurs les plus sensibles, comme la santé…

Un documentaire de Cash Investigation:  « Services publics : liberté, égalité, rentabilité ?« , une enquête de Marie Maurice diffusée jeudi 10 décembre 2020.

Dans l’enfer des travailleurs agricoles.

Au début du confinement, le ministre de l’Agriculture Didier Guillaume appelait les français sans activité ou au chômage partiel à « travailler dans les champs » pour palier au manque de main d’œuvre agricole et éviter une pénurie alimentaire à cause de la fermeture des frontières. La dépendance de notre modèle agricole à la main-d’œuvre étrangère n’est cependant pas récente. Chaque année, environ 11,000 ouvrier.e.s agricoles étranger.e.s saisonnier.e.s viennent travailler dans le seul département des bouches du Rhône.

Ces travailleur.ses migrant.es, en provenance d’Amérique du Sud, d’Afrique du Nord et subsaharienne sont très présents en viticulture, maraîchage et arboriculture intensifs. Ils et elles enchaînent les missions saisonnières dans nos champs, et pourtant nous ne les voyons pas.

Derrière cette invisibilité, se cache des conditions de travail et de vie très dures et précaires, parfois même indignes, facilitées par la pratique de plus en plus répandue du “détachement”. Ce système permet à un.e exploitant.e agricole français, de sous traiter le recrutement et la gestion administrative d’un salarié.e agricole à une boîte d’interim espagnole et de faire ainsi de nombreuses économies : en gestion de personnel, en heures supplémentaires, prévention…

Des procès, dont celui en cours de Yasmine contre l’entreprise espagnole Laboral Terra (ex salariées agricole marocaine) qui témoigne dans ce reportage, dénoncent depuis quelques années ces pratiques frauduleuses et plus largement de contournement du droit du travail français.

En lame de fond, se pose aussi la question de notre rôle, en tant que consommateur.rice, qui en n’ouvrant pas les yeux sur les produits que nous achetons participons à entretenir l’orientation productiviste, intensive et industrielle de notre agriculture qui sont à la base de ces conditions de travail.

Un documentaire à retrouver ICI

Le MediaTV:

  • Réalisation et montage : Caroline Delboy
  • Renfort montage: Alexis Debaye
  • Photos reportage : Caroline Delboy, Frédéric Décosse, Nelly Berrones, Yasmine, Vidal C, Mathieu Eisinger

Harcèlement sexuel au travail : l’affaire de tous !

C’est un tabou qui a la vie dure. En France, 1 femme sur 5 est victime de harcèlement sexuel au travail. Comment réagir ? Comment prévenir ? Ce documentaire donne la parole aux victimes et fait le point sur la loi.
Où s’arrête la séduction ? Où commence le harcèlement ? 3 Français sur 4 ont du mal à faire la différence. C’est « l’esprit gaulois », fait d’humour et de dérision voire de mépris à l’égard de celles qui s’en plaignent, qui fait souvent sens commun.
« Harcèlement sexuel au travail, l’affaire de tous » joue d’une réalisation originale et inattendue pour éclairer le débat. Un quizz rythme le film. Il est animé par l’humoriste Guillaume Meurice, bien connu des auditeurs de France Inter, et par Marilyn Baldeck, responsable de l’Association contre les Violences Faites aux Femmes au travail (AVFT). La version longue du quizz est disponible = https://www.youtube.com/watch?v=58gAI…
Pour que le harcèlement cesse, et que la honte change de camp … Un film réalisé par Andrea Rawlins-Gaston et Laurent Follea. Une production Capa à regarder ICI

Les retraites, Trois siècles d’histoire (2ème partie)

En 1945, la France est exsangue. Comment est-on parvenu à construire notre système de sécurité sociale en dépit de cela ? et comment a-t-on abouti moins de 40 ans plus tard à la retraite à 60 ans pour tous les salariés ? Deuxième volet d’un documentaire retraçant trois siècles d’histoire des retraites, ce film du Centre d’Histoire Sociale des Mondes contemporains aborde ici la période allant de 1945 (construction de la sécurité sociale) à la mise en œuvre de la retraite à 60 ans en 1982-1983.

A regarder ICI

« Black Panthers » d’Agnès Varda, un documentaire radical et déterminé

Black Panthers (Agnès Varda, 1968) | Pirate-Punk.net ⚑ Communauté ...En 1968, au moment où ouvriers et étudiants français bouleversent l’ordre en place en France, Agnès Varda se tourne vers une autre révolte, celle du Black Panther Party aux États-Unis, à Oakland. Dans un documentaire radical et déterminé, elle évoque la répression policière en adoptant le ton révolutionnaire des militants qu’elle filme.

Un documentaire à regarder ICI