Chômage, la «deuxième vague» de l’épidémie? – Podcast

Chômage, la « deuxième vague » de l'épidémie ? JACQUES SAPIR ...

Plans sociaux en cascade, reprise économique timide, récession encore plus forte que prévu… Et si la flambée du chômage en avril n’était qu’un avant-goût de ce qui attend le marché du travail? Comment éviter une spirale dépressive dans l’après-coronavirus? Baisser les salaires permet-il vraiment de «préserver l’emploi»?

Jacques Sapir et Clément Ollivier reçoivent Bruno Ducoudré, économiste au département Analyse et prévision de l’OFCE.

Un podcast à écouter ICI

Tout changer !

La pandémie du covid-19, qui a débouché sur une crise sanitaire d’ampleur, met en évidence les failles de notre système socio-écono­mique et signe la faillite des stratégies néolibérales menées avec constance par la plupart des gouvernements depuis plus de trois décennies. Elle montre a contrario l’importance de services publics de qualité, de systèmes de sécurité et protection sociale étoffés et confirme la nécessité de l’action publique. Un autre effet collatéral de cette crise est qu’elle a permis, à travers le ralentissement de l’activité économique induit par le confinement, de réduire le niveau de pollution et d ‘émission de gaz à effet de serre. Là où les gouvernements peinaient à adopter des mesures propres à tenir leurs enga­gements en matière climatique, la lutte contre le virus les y a contraint ; certes à leur corps défendant et dans la pire des conditions, mais démonstration est ainsi faîte qu’il n’y a là rien d’inéluctable. Au-delà des drames humains, cette crise aura toutefois un impact probablement considérable sur l’économie réelle et sur la vie des populations : baisse du PIB, faillites d’entreprises, explosion du chômage, perte de revenus. Et les catégories les plus démunies, les plus fragiles et les plus précaires en subiront plus que d’autres les effets.

Alors que l’on ne sait pas encore quelle sera la durée de cette pandémie et donc l’ampleur effective de ses conséquences économiques et sociales, il y a urgence à réfléchir à l’après et à préparer les mesures qui permettront d’en limiter les dégâts en relançant l’activité économique, l’emploi et le pouvoir d’achat.

Toute la question est de savoir comment : fermer au plus vite cette mauvaise parenthèse et renouer avec les politiques antérieures ou profiter de cette crise pour changer de paradigme en remettant les besoins humains plutôt que l’intérêt du capital au coeur des processus productifs et en intégrant les néces­sités de la transition écologique ?

Brochure « Tout changer » à télécharger ICI

 

 

Pour une autre politique de l’emploi et de la protection sociale !

L’explosion des chiffres du chômage montre l’urgence d’une autre politique de l’emploi et de la protection sociale.

 

La Dares vient de publier les chiffres de l’emploi du mois d’avril 2020.

Après une hausse de 7,1 % en mars, le chômage augmente de 22,6 % en avril. On compte désormais plus d’un million de chômeurs supplémentaires (1 065 200), comparé à la période précédant le confinement. La barre des 6 millions de chômeurs est franchie !
Les jeunes sont particulièrement touchés par cette hausse, pour l’instant due essentiellement à l’arrêt des recrutements : +29 % de chômeurs dans la catégorie des moins de 25 ans qui cherchent du travail.
Autre donnée nouvelle : jusqu’à présent le gouvernement se focalisait sur la baisse relative (et en yoyo) de la catégorie A (personnes au chômage total) alors que les catégories B et C croissaient continuellement (les personnes alternant chômage et travail, en très grande majorité sur des contrats précaires, CDD ou CDI à temps partiel, intérimaires, saisonniers, intermittents de toutes sortes). Les travailleuses et travailleurs précaires ont basculé très majoritairement dans le chômage total à cause de la crise, ce qui explique une baisse des catégories B et C et contribue à l’explosion de la catégorie A. Et, nous ne sommes qu’au début des annonces de plans sociaux que la presse révèle.
Constatant que les chômeurs et les précaires sont les premières victimes de la crise de l’emploi liée à la crise sanitaire, la CGT réaffirme la nécessité de mettre en œuvre d’urgence une autre politique de l’emploi : il faut une politique industrielle favorisant la transition écologique et l’indépendance stratégique, à travers notamment les relocalisations, le partage du temps de travail, la confiscation des dividendes pour relancer l’investissement.  Il faut des embauches pour faire fonctionner les services publics dans la santé comme dans tous les domaines !
L’emploi des jeunes doit être une priorité absolue, de même que la résorption des inégalités femmes/hommes.
De même, il y a urgence à mettre en place la sécurité sociale professionnelle qui garantira à toutes et tous un revenu de remplacement : cela passe par l’annulation de la réforme scandaleuse de l’assurance chômage et la construction de nouveaux droits dont la prolongation des droits de toutes celles et tous ceux que la crise met au chômage.

C’est le sens de la déclaration commune signée avec un grand nombre d’organisations « Plus jamais ça : un monde à reconstruire » et le sens de la pétition pour l’annulation de la réforme assurance chômage (https://go.lemouvement.ong/petitions/assurancechomage).