Le temps des ouvriers: le temps des barricades. (2/4)

REPLAY LE TEMPS DES OUVRIERS: 2/4) - Le temps des barricades

Sur plus de trois siècles, cette histoire du monde ouvrier européen rappelle ce que nos sociétés doivent aux luttes des « damnés de la terre ».

Deuxième volet : de la Belgique, devenue « le paradis des capitalistes » et l’enfer des travailleurs, aux grandes insurrections françaises qui font trembler l’Europe de 1830 à 1871.

En Europe continentale, seule la Belgique adopte le » Factory System » et le libéralisme absolu à l’anglaise, devenant ainsi au milieu du XIXe siècle « le paradis des capitalistes » et l’enfer des travailleurs. La France, elle, accomplit au ralenti sa révolution industrielle, sans grandes usines ni exode rural massif, sans destruction brutale des modes de vie anciens. Les ouvriers (tailleurs, ébénistes, maçons…) travaillent à une échelle quasi artisanale pour de petites fabriques. C’est pourtant dans ce milieu que vont naître et se propager toutes les théories socialistes du siècle, sous les plumes des Fourier, Proudhon, Blanqui, Cabet – inventeur du premier « communisme ». Autant d’utopies irréalisables aux yeux du jeune penseur allemand Karl Marx, exilé à Londres et tenant d’un socialisme scientifique.
De 1830 à 1871, cette classe ouvrière atypique se lance dans de grandes insurrections qui font trembler l’Europe. Toutes échouent. La dernière, la Commune de Paris, proclame la République universelle, adopte le drapeau rouge, crée des coopératives ouvrières et instaure l’école gratuite et laïque. Elle résiste soixante-douze jours avant d’être écrasée. Sa défaite coïncide avec l’industrialisation à marche forcée de l’Italie et de l’Allemagne, pressées d’affirmer leur modernité et leur puissance. Premier parti ouvrier de masse de l’histoire, le parti social-démocrate allemand (SPD) fait du marxisme sa doctrine officielle, mais dans une optique réformiste qui remet la révolution à plus tard. Tandis que les conditions de vie et de travail, mais aussi les droits syndicaux et politiques progressent lentement, une nouvelle image de la classe ouvrière apparaît : celle de l’armée des travailleurs des temps modernes.

Temps complet
La classe ouvrière a-t-elle disparu, ou simplement changé de forme, de nom, de rêve ? Conciliant l’audace et la rigueur historique, l’humour et l’émotion, le détail signifiant et le souffle épique, Stan Neumann (« Austerlitz », « Lénine » », «  »Gorki » » – «  »La révolution à contre-temps ») livre une éblouissante relecture de trois cents ans d’histoire. Faisant vibrer la mémoire des lieux et la beauté des archives, célébrissimes ou méconnues, il parvient à synthétiser avec fluidité une étonnante quantité d’information. Les séquences d’animation, ludiques et inventives, et un commentaire dit par la voix à la fois présente et discrète de Bernard Lavilliers permettent de passer sans se perdre d’un temps à l’autre : celui du travail, compté hier comme aujourd’hui minute par minute, celui des grands événements historiques, et celui, enfin, des changements sociaux ou techniques étalés parfois sur plusieurs décennies, comme le processus de légalisation des syndicats ou du travail à la chaîne. En parallèle, le réalisateur donne la parole à des ouvriers et ouvrières d’aujourd’hui et à une douzaine d’historiens et philosophes, hommes et femmes, « personnages » à part entière dont la passion communicative rythme le récit. On peut citer Jacques Rancière, Marion Fontaine, Alessandro Portelli, Arthur McIvor, Stefan Berger, avec Xavier Vigna comme conseiller scientifique de l’ensemble des épisodes. Cette série documentaire virtuose, où l’expérience intime coexiste avec la mémoire collective, au risque parfois de la contredire, révèle ainsi combien nos sociétés contemporaines ont été façonnées par l’histoire des ouvriers.

Un documentaire disponible ICI

Les Jours Heureux

Dans son allocution du 13 avril dernier, Emmanuel Macron a exprimé sa conviction qu’après la crise sanitaire, « nous retrouverons les Jours Heureux ».

Entre mai 1943 et mars 1944, sur le territoire français encore occupé, seize hommes appartenant à tous les partis politiques, tous les syndicats et tous les mouvements de résistance vont changer durablement le visage de la France. Ils vont rédiger le programme du Conseil National de la Résistance intitulé magnifiquement : « Les jours heureux ».

Le CNR est la grande période pendant laquelle l’Etat, les citoyens, le peuple reprennent le pouvoir sur l’économie. C’est cité dans le programme : l’intérêt général doit toujours primer sur l’intérêt particulier. Le texte fait référence à la domination de la finance dans les années 1930, à l’accaparement des richesses par une minorité, à la trahison des banques et des élites », explique-t-il.

Ce programme est encore au cœur du système social français puisqu’il a donné naissance à la sécurité sociale, aux retraites par répartition, aux comités d’entreprises, etc.

Le documentaire « Les Jours Heureux » retrace la création du CNR au travers de témoignages. A voir ou à revoir ICI

 

A nos corps défendants !

Ce film se veut une approche sensible et radicale des violences psychologiques et physiques infligées aux habitant·es des quartiers populaires par la police. Les récits prennent place dans la France des vingt dernières années, celle de l’après Sarkozy, et sont rapportés par les premier·e·s concerné·e·s : pas de sociologue, pas d’historien, pas de journalistes ni de storytelling. Juste la parole de celles et ceux qu’on voudrait voir silencieux-ses. Un film à voir ou à revoir ICI

Barrages: l’eau sous haute tension!

Depuis une dizaine d’années, le gouvernement français et l’union Européenne préparent une privatisation des barrages français les plus rentables, ou, dit autrement : « une mise en concurrence des concessions hydroélectriques françaises ».

Barrages, documentaire réalisé en 2019, informe précisément sur les risques que cette privatisation programmée ferait peser sur l’approvisionnement en électricité du pays, mais aussi sur une ressource vitale : l’eau, en contexte non moins dramatique de réchauffement climatique. Le film Barrages tape dans le mille au regards des enjeux politiques et climatiques actuels.

Un documentaire à regarder ICI

Collection « Les luttes gagnantes »: Les Jeannettes

Biscuiterie Jeannette. Une des luttes emblématiques victorieuses pour l’emploi, menée en 2014 et 2015. 344 jours d’occupation de l’unité industrielle liquidée.

Et puis, un nouveau projet artisanal, des nouveaux locaux pour produire à nouveau et durablement les célèbres madeleines normandes. Un documentaire à retrouver ici

 

Les retraites. Trois siècles d’histoire (Première partie)

L’histoire des retraites, des régimes pionniers au régime général, a commencé en France il y a plus de 300 ans.

Ce sont alors les premiers régimes « spéciaux » qui apparaissent, puis pointent les notions d’assistance, au temps de la révolution française, puis se développent les pensions dans les mines ou dans les compagnies de chemins de fer, au temps des révolutions industrielles. Les notions de cotisations, de répartition, de capitalisation pointent aussi.

Parallèlement à l’Etat, au patronat, à l’église, apparaissent de nouveaux acteurs, sociétés de secours mutuels, syndicats, sociétés d’assurance… Des lois se succèdent, 1853, 1905, 1910, 1930… jusqu’aux ordonnances de 1945.

Ce fut une longue histoire, sur des périodes somme toute assez brèves.

Appréhender cette histoire, c’est aussi mieux comprendre les enjeux qui se posent aujourd’hui.

Documentaire en deux parties de 52 mn produit par le centre d’histoire sociale des mondes contemporains à regarder ici 

Réalisation : Jeanne Menjoulet

Les historiens interviewés sont : Michel Margairaz, Michel Pigenet, Laure Machu, Claude Didry, Manuela Martini, Michel Dreyfus (bref extrait d’un précédent film du CHS, « histoire de l »économie sociale et solidaire »).

Ce documentaire a été réalisé à l’occasion de la publication du « prix du travail » (ouvrage collectif coordonné par Michel Margairaz et Michel Pigenet, paru en 2019).

Remerciements à l’anthropologue Armelle Faure et aux archives départementales de la Corrèze et du Cantal (à Frédéric Bianchi) pour l’autorisation d’utilisation d’extraits de témoignages oraux recueillis dans le cadre du projet « barrages et habitants ».