Radio Lorraine Cœur d’Acier, une radio libre au cœur de la liberté d’information

Le journaliste Marcel Trillat est mort le 18 septembre 2020. C’est lui que la CGT avait missionné du côté de Longwy, pour émettre depuis une radio libre aux frais de la Centrale, en 1979. Mais du jazz aux femmes qui racontaient des violences gynécologiques, l’ouverture politique avait tourné court.

A l’annonce de la mort du journaliste Marcel Trillat, les hommages ont égrainé une vie militante, un journalisme documentaire au ras des existences les plus modestes et les plus invisibles. Et, parfois, l’épisode “Lorraine Cœur d’acier”, du nom de la radio qui émettra depuis Longwy, pendant quinze mois, entre mars 1979 et janvier 1981. Marcel Trillat en sera l’une des voix, et surement la plus célèbre. Ce n’est pas lui qui a l’idée fondatrice de “Lorraine Cœur d’Acier”, mais à lui que la CGT en confie les manettes.

Raconter l’origine de “LCA”,  c’est exhumer un contexte en éventail. Le contexte social est celui de la sidérurgie française qui souffre, et de bassins entiers qui sont heurtés de face par la crise. Fin 1978, un plan de licenciements a été annoncé, qui table sur 6 500 suppressions d’emplois. Pour nourrir la mobilisation qui voit le jour, les organisations syndicales implantées dans le bassins sidérurgiste cherchent les leviers de leur contre-offensive, et des outils pour faire vivre la mobilisation.

Occuper les ondes en est un, et plusieurs syndicats s’intéressent de près à ce qui restera comme le phénomène des “radios pirates”, ou « radios libres », très dynamique depuis 1977. Plusieurs syndicats s’y essayent pour battre le rappel du côté de Longwy, où une radio cédétiste commence par exemple à émettre dès l’hiver 1978. La libéralisation de la bande FM patientera encore quelques années et l’arrivée au pouvoir de François Mitterrand, mais déjà les coutures craquent et des initiatives voient le jour un peu partout. La CGT s’intéresse de près à ce registre d’action nouveau, qui lui semble un bon moyen de toucher un public large, et aussi, d’occuper l’espace syndical. Car le contexte social et le contexte audio-visuel rencontrent par ailleurs le contexte politique à l’intérieur de la centrale confédérale : 1978 est aussi l’année du 40ème congrès de la CGT, et d’une tension vers ce qu’on appellera “l’ouverture”.

Marcel Trillat, qui est journaliste de profession, et adhérent à la CGT, est favorable à cette ligne d’ouverture. C’est cet intellectuel de première génération, et deux autres militants formés aux médias.

Derrière ce casting se nichent  les spécificités de « Lorraine Cœur d’Acier »:

  • premier principe : un direct permanent, présenté comme une déclinaison radiophonique du credo d’ouverture
  • deuxième principe : l’antenne ouverte, c’est-à-dire la possibilité pour des anonymes qui ne seraient ni décideurs, ni délégués syndicaux, ni journalistes, de s’exprimer
  • troisième principe : un droit de réponse systématique.

Au travers de ce documentaire, Marcel Trillat est questionné sur ses souvenirs: à écouter sur:

Radio Lorraine Coeur d’Acier, une radio libre au coeur de la liberté d’information